par Mike Haymes, de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada
La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada propose l’adoption d’une stratégie pancanadienne reliée à la naissance pour aider à remédier à une pénurie de professionnel(le)s de la santé fournissant des soins obstétricaux — et à une crise imminente des soins de maternité. La pénurie actuelle résulte d’une combinaison de facteurs, notamment la réduction du nombre de médecins qui font des accouchements, l’imposante cohorte d’obstétriciens canadiens qui prendront leur retraite ou réduiront leur champ d’activité au cours des prochaines années, ainsi que la pénurie de sages-femmes à l’échelle nationale. Le problème s’aggravera encore davantage dans l’avenir en raison du nombre insuffisant d’étudiant(e)s qui choisissent de se spécialiser en obstétrique et du fait que la profession, la formation des sages-femmes et les possibilités qu’elles ont d’exercer leur profession souffrent du manque de soutien des gouvernements de certaines provinces et certains territoires.
« Mettre au monde des bébés nécessitent que des professionnels compétents soient disponibles dans un court délai, 24 heures sur 24, 365 jours par année. Compte tenu de ces tendances, il est facile de voir pourquoi nous nous retrouverons bientôt avec un sérieux problème, déclare André Lalonde, vice-président administratif de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Nous devons réagir dès maintenant pour nous préparer et nous assurer que les Canadiennes puissent vivre une grossesse et un accouchement les plus sûrs possible. »
Les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) montrent déjà un déclin du classement international du Canada en ce qui a trait à la santé des mères et des nouveaux-nés. En 1990, le Canada était l’un des endroits les plus sûrs pour donner naissance, le pays se classant au 6e rang pour la mortalité infantile et au 2e pour la mortalité maternelle. Aujourd’hui, il occupe le 21e rang pour la mortalité infantile et le 11e pour la mortalité maternelle. Les effets des pénuries sont visibles dans toutes les régions du pays, mais touchent surtout les femmes qui vivent dans les collectivités rurales et nordiques.
« Nous savons que nous ne répondons pas aux besoins des mères et des bébés des régions rurales et éloignées du Canada. Ces femmes doivent quitter leur maison, leur famille et leur communauté, et souvent leur système culturel et leur réseau de soutien, pour pouvoir recevoir des soins appropriés pendant l’accouchement, affirme Don Davis, président de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Imaginez que vous êtes enceinte de 35 ou 36 semaines et que vous devez quitter tout ce que vous connaissez et aimez pour vivre le moment sans doute le plus important de votre vie. »
Pour aider à faire face à cette pénurie, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a proposé une nouvelle Stratégie pancanadienne reliée à la naissance afin d’assurer que les Canadiennes reçoivent les soins de santé nécessaires pendant la grossesse et l’accouchement. Les soins de maternité diffèrent selon la province ou le territoire. Il n’existe aucune approche uniforme pour s’attaquer dans l’ensemble du système aux pénuries de ressources humaines, et certaines provinces et certains territoires sont mal préparés pour gérer la situation actuelle et les défis futurs.
La Stratégie pancanadienne reliée à la naissance proposée par la SOGC fournirait aux autorités provinciales et territoriales en matière de santé un cadre d’orientation pour redéfinir la manière d’offrir les soins de maternité. En proposant une gestion plus efficace de la grossesse et de l’accouchement, la stratégie vise à maximiser les ressources existantes et à aider à compenser les effets de la pénurie. Elle entend également trouver des solutions aux défis que vivent les femmes des régions rurales et éloignées.
La SOGC a aussi demandé à une longue liste de partenaires de participer à l’élaboration de la nouvelle stratégie reliée à la naissance, y compris des groupes représentant les sages-femmes, les infirmiers(ères), les médecins de famille, les médecins en milieu rural et autres spécialistes fournissant des soins de maternité. Afin de s’assurer que la stratégie tient compte des besoins de toutes les Canadiennes, la SOGC a également invité des groupes culturels, comme ceux représentant les Premières Nations et les Autochtones, à participer au projet.
Pour mettre en œuvre cette stratégie, la SOGC demande au gouvernement du Canada d’investir entre 5 et 7 millions de dollars par année sur les 10 prochaines années. La SOGC demande également aux gouvernements provinciaux et territoriaux d’appuyer l’élaboration et la mise en place de la nouvelle stratégie. L’automne dernier, MM. Davis et Lalonde ont présenté la Stratégie pancanadienne reliée à la naissance au Comité permanent des finances de la Chambre des communes dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement fédéral. La SOGC poursuit les consultations avec le gouvernement fédéral et ses partenaires pour convenir du financement de ce projet.
Par : Les femmes et la réforme des soins de santé
L’accouchement est un événement majeur dans la vie d’une femme qui devient mère, ainsi que dans celle de sa famille et de sa communauté. Chaque année, plus de 300 000 femmes mettent un enfant au monde au Canada. La plupart du temps, la grossesse et l’accouchement sont une heureuse expérience, tant pour les femmes que pour les bébés. La grossesse et l’accouchement sont, en fait, tellement banals ou ordinaires qu’ils peuvent être invisibles, tant dans la société que dans les programmes politiques et ceux de santé. Parce qu’ils font partie intégrante de la vie, nous avons tout simplement présumé que de bons soins de maternité sont offerts aux femmes et aux familles à toutes les étapes, que ce soit pendant la grossesse et l’accouchement que pour l’allaitement et les soins à donner au nourrisson.
Bien qu’il s’agisse de pratiques courantes, la grossesse et l’accouchement ne sont pas considérés comme des événements physiologiques sains et normaux, mais plutôt comme des troubles médicaux pouvant mettre en danger la vie des femmes et des enfants, et nécessitant les soins de médecins spécialistes et beaucoup de technologies. L’accès aux soins médicaux, dans cette perspective, a donc un effet sur le lieu et la manière dont les femmes vivent ces expériences.
Aujourd’hui, au Canada, des réformes touchant la prestation des soins de maternité soulèvent des questions sur leur accessibilité réelle pour les femmes et leur famille. De moins en moins de médecins de famille fournissent des soins de maternité, surtout pendant le travail et l’accouchement. Il est même difficile d’obtenir les soins prénataux courants dans certaines communautés. Il y a également de moins en moins de petits hôpitaux qui offrent des soins de maternité, ce qui oblige de nombreuses femmes à quitter leur famille et à voyager une grande distance pour accoucher.
Les gouvernements, les autorités en matière de santé, les médecins et le personnel infirmier pensent souvent que les changements récents dans les soins de maternité sont un problème de ressources humaines, car il y a moins d’experts pour fournir ces soins. Mais la maternité importe au Canada pour bien d’autres raisons. En effet, les femmes ont de la difficulté à trouver près de chez elles des fournisseurs de soins attentionnés et respectueux, faisant preuve de soutien. Elles ont aussi besoin de fournisseurs de soins qui appliquent les connaissances tirées de la recherche et de l’expérience sur ce qui est bon ou mauvais pour les femmes et leurs bébés.
Pourquoi devrions-nous nous préoccuper de la situation des soins de maternité ? Parce qu’ils ne sont pas comme les autres soins de santé. Premièrement, les bébés ne peuvent pas attendre — on ne peut pas avoir de listes d’attente pour les soins de maternité. Deuxièmement, l’expérience d’une femme pendant la grossesse et l’accouchement, qu’elle soit bonne ou mauvaise, peut influer grandement sur la façon dont elle se sentira par rapport à son bébé, par rapport à elle-même en tant que mère ainsi que par rapport à ses autres relations. Offrir de bons soins aux femmes enceintes et à celles qui accouchent améliore donc la vie des femmes et des enfants, tant dans l’immédiat qu’à long terme.
Lisez la brochure L’importance de la maternité par Les femmes et la réforme des soins de santé.
Disponible en ligne à www.cewh-cesf.ca/healthreform/index.html
On peut commander des exemplaires papier au 1 888 818-9172.
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